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Florence Elie a créé Equi’co-naissance dans le Morbihan afin d’éveiller les humains à leurs émotions et au langage non verbal en utilisant des êtres rompus à ce mode de communication et excellents thérapeutes : les chevaux.
Elle-même sophrologue, équicoach, naturopathe animale, praticienne en soins de biorésonance, masseuse équine utilisant l’algothérapie, et la kinésiologie méthode Etik’a, elle se positionne dans l’accompagnement de la relation humain-animale en créant Flo NaturOpattes.
Florence Elie recommande souvent nos synergies de plantes médicinales et aromatiques à ses clients « gardiens de chevaux » comme elle aime à les appeler. Un jour, Florence nous a envoyé un interview d’elle sur son métier à écouter et c’est ainsi que nous avons fait connaissance. Nous avons pu échanger avec elle à notre tour.
Dans notre activité professionnelle, nous rencontrons des clients qui ont tous la même passion : le cheval. Mais ils la vivent tous différemment. Certains le font à travers le loisir, d’autres à travers le challenge sportif, d’autres encore à travers l’art ou l’acte thérapeutique. Dans notre société actuelle, la relation à l’animal évolue par rapport au regard que nous portions il y a 50 ans sur lui et sa place auprès de l’homme. Les méthodes éthologiques, la médiation équine et la communication animale ont facilement envahi le monde du loisir équestre.
Mais nous pouvons dire que le domaine de la compétition est le dernier à accepter de changer. Là où la réussite sportive est un enjeu, l’écoute de l’animal est moindre, ou plutôt les choix humains s’orientent plus vers ce qui permet l’immédiateté du résultat sportif, au détriment de l’écoute du partenaire équin. Professionnels et amateurs sportifs doivent marcher sur le fil rouge de la compétition qui réclame le meilleur sans répit. C’est là où le bât blesse pour l’humain comme pour le cheval : comment concilier l’écoute respectueuse de son cheval avec les exigences de la performance et de la réussite.
Florence Elie a accepté pour énergétique & Plantes de se pencher sur la question de « faire évoluer le lien du cavalier compétiteur à son cheval afin de renforcer leur relation dans l'écoute respectueuse ». Ceci a donné lieu à un échange que nous retranscrivons en trois parties. Nous sommes très heureux de le partager avec vous, nous espérons qu’il nourrira votre réflexion personnelle et apportera la lumière à ceux qui cherchent à développer le lien avec leur cheval :
PARTIE 1 - APPRIVOISER LES ÉMOTIONS, CONNAÎTRE SON SCHÉMA CORPOREL
E&P : Florence, je vous laisse présenter votre activité avec vos propres mots à nos lecteurs et nous expliquer quel déclic vous a poussé dans cette voie de l’accompagnement du couple homme/animal.
Florence E. : j’apporte un soin holistique prenant en compte les sphères physique, émotionnelle, mentale et spirituelle dans la relation inter-espèce, aussi bien à l'humain qu’à l'animal ainsi qu’à la troisième entité qui se crée entre les deux : le lien, la relation.
J’utilise pour cela trois outils principaux : la sophrologie, l'équicoaching (qui est le développement personnel accompagné par le cheval) et la naturopathie animale (qui est tout le soin alternatif à l'animal) pour développer in fine cette connexion entre le cavalier et son cheval afin que la relation soit optimale pour un cavalier de loisir ou un cavalier qui a aussi des performances et des souhaits sportifs à réaliser. Nous arrivons ainsi à ce que leur objectif premier soit atteint.
Le cheval a aussi son histoire. Les cavaliers se rendent compte que dans l'histoire de leur cheval, il y a une résonnance à leur propre histoire. Sur certains points, se crée comme un pont qui aide à la construction du lien. Les cavaliers se disent : « mon cheval me ressemble un peu, quoi. ». Mon travail est de faire le pont entre ce cheval et son humain.
E&P : comment en êtes-vous arrivé là ?
Florence E. : j’ai un parcours classique de cavalière dans lequel je rencontre le cheval vers 12 ans dans un centre équestre avec des chevaux de club et de propriétaires vivant en box, des sorties en concours le week-end et une première chute qui met à mal ma relation avec le cheval. Malgré le fait de remonter tout de suite à cheval et mon envie, mon désir, mon besoin d’être avec lui, j’ai senti alors que la peur me coupait complètement de moi et de la relation que j’avais avec lui. J’ai découvert que je n’avais plus confiance dans le cheval et que je n’avais plus confiance en moi. J’ai persévéré quand même, me disant que le temps ferait son œuvre. Sauf que cela n’a pas été le cas car je ne suis jamais allée voir le traumatisme de la chute et ce qui était contenu dans cette peur.
Ceci est le premier point important parce que c’est ainsi qu’au fil des années j’ai fini par ne plus monter à cheval, je ne ressentais plus le même plaisir, la même connexion avec l’animal comme avant la chute. Toutefois le cheval est un animal dont je ne pouvais absolument pas me passer parce que je l’aimais. Donc je passais beaucoup de temps à pied avec lui durant les soins, en promenades en forêt. Dans ces moments-là j’ai découvert le cheval autrement et je me suis rendue compte que je n’avais pas appris à monter à cheval dans les meilleures conditions. À aucun moment je n’ai pu connaître ses besoins primaires, physiologiques et émotionnels. Jamais personne ne m’en avait parlé et pour moi le quotidien normal d’un cheval était de vivre dans un box.
E&P : aujourd’hui, il y a plus d’éthologie au programme des examens de la fédération équestre qu’à l’époque.
Florence E. : exactement. Avant, tout était axé sur l’anatomie du cheval, les types de robes mais personne ne nous expliquait son fonctionnement digestif, sa nécessité de marcher plusieurs heures, d’avoir du foin à volonté pour un transit correct et répondre à leurs besoins primaires. Parce que cela obligerait à confronter l’habitat naturel des chevaux aux écuries où ils vivent majoritairement en box 24h/24h.
Puis arrive la deuxième chute, une opération avec un séjour à l’hôpital. Je ne peux pas remonter à cheval tout de suite et je reprends donc une relation à pied. Vient la rééducation et le moment de remonter à cheval et là, c’est évident, la relation de confiance n’est plus. La peur prend toute la place. Je ne suis pas accompagnée humainement par les moniteurs sur place qui n’ont pas cette écoute et cette connaissance de l’émotionnel humain et de son impact sur le cheval. Leur discours est de ne pas montrer ma peur plutôt que de l’accueillir, de voir comment cela fonctionne dans mon corps et comment le cheval peut le ressentir. Chose que je fais aujourd’hui avec les cavaliers qui viennent me voir après une grosse chute. Ils ont peur de remonter à cheval et ils en ont extrêmement envie en même temps. Nous travaillons sur leur peur.
E&P : quand j’étais enfant, mes moniteurs me disaient de remonter à cheval tout de suite en cas de chute. Je ne me demandais pas pourquoi cette insistance à remonter immédiatement à cheval. Rétrospectivement quand j’écoute votre histoire, je comprends mieux le but de cette remise en selle immédiate qui est d’empêcher une cristallisation des émotions vécues lors de la chute et le blocage qui peut en résulter pour le cavalier. La chute traumatisante est l’histoire de beaucoup de cavaliers. On ne nous explique pas cela quand nous sommes petits.
Florence E. : non et puis cela ne fonctionne pas sur tout le monde. Lors de ma première chute je suis remontée à cheval tout de suite mais cela n’a pas marché, la peur était trop grande. Il y avait eu une telle perte de contrôle, aucune possibilité de maîtriser la chute. Je me suis dit dans ma tête : « ce n’est pas possible cela veut dire que je serais toujours susceptible d’être en danger ».
La société construit l’humain en lui faisant croire dès tout petit qu’il peut tout contrôler grâce à son mental et son raisonnement. Si le cheval a décidé de changer de trajectoire et que le cavalier n’est pas pleinement connecté à soi et relié à son cheval, il ne contrôle rien.
E&P : c’est un peu le principe de la vie.
Florence E. : exactement. Mais est-ce que nous sommes enseignés en ce sens aujourd’hui, socialement parlant ?
E&P : non. Je dois dire que la société que je côtoie aujourd’hui n’a rien à voir avec celle que j’ai connue quand j’avais dix ans. Ce que je vois autour de moi dans la vie de tous les jours est ceci : les gens n’ont plus cette confiance de marcher vers l’inconnu que j’observais il y a trente ou quarante ans. On pourrait imaginer qu’il aurait fallu plusieurs générations pour en arriver là. Mais pas du tout et cela est très effrayant, l’humanité semble perdre sa confiance en elle ainsi que sa capacité à jongler avec l’inconnu et le risque. Elle bannit totalement le risque pour que l’avenir soit viable, fiable, puisse être vécu par un humain...
Florence E. : … une vie programmée, programmable, où tout puisse être anticipé. L’homme a voulu une société basée sur la sécurité qui n’est qu’illusoire puisqu’elle ne fait que nous rendre un peu plus dépendants de tout un tas de choses qui nous sont proposées dans un système, que ce soit les modes de consommation d’énergie, ou être inscrit à de multiples assurances au point de ne plus savoir contre quoi nous nous prévenons. Tout est basé sur le principe de la sécurité.
La problématique est que nous, êtres faisant partie du règne du vivant, nous nous érigeons au-dessus du règne animal, du règne végétal, du règne minéral alors qu’il faudrait revenir dans ce cercle d’interdépendance, de reliance et être dans une meilleure équité. Mais on nous a vraiment donné l’illusion de la sécurité. Aujourd’hui nous avons perdu notre pouvoir personnel et nous perdons notre liberté.
E&P : notre société a mis en place ce qu’il fallait pour que l’homme se croie plongé dans un cercle d’insécurité extérieur. Cette croyance vient alimenter un cercle d’insécurité intérieur. Nous avons cela à l’intérieur et à l’extérieur de nous. Les deux se rejoignent et nous nous retrouvons dans une prison. Nous avons perdu la capacité de faire confiance au processus de la vie. Car le mouvement inné de la vie est orienté vers l’évolution et la création, un mouvement positif dont nous ne devrions pas avoir peur.
Florence E. : c’est l’un des sujets phares que j’ai à cœur de transmettre dans ces temps de connexion auprès du cheval : (re)trouver notre propre sécurité intérieure pour que quoi qu’il se passe à l’extérieur, nous ayons cette référence à l’intérieur de nous et cette possibilité de retourner dans notre ancrage, dans notre centre, dans notre élément, dans quelque chose de paisible où nous puissions gérer la situation extérieure.
Si nous observons le cheval, c’est exactement ce qu’il fait. Quand quelque chose à l’extérieur apparaît comme un danger, il ressent la peur et va chercher à fuir. Quand l’identification est faite ou le danger est passé, il recommence à brouter, il passe à autre chose. Il a cette agilité émotionnelle que nous, nous avons perdu ou n’avons jamais acquise durant notre éducation. La capacité d’utiliser les émotions comme des guides, des sources d’informations.
E&P : nous, humains, restons dans le drame en fait.
Florence E. : nous, nous continuons de nous raconter encore et encore : « et si …cela s’était passé comme ça… Et s’il était arrivé cela… ». Ceci peut durer une vie entière ! D’où la nécessité d’un travail sur soi pour apprendre à revenir dans le corps, ce que fait très bien le cheval, l’animal, en vivant dans l’instant présent, dans leur corps au travers leurs sensations physiques et de leurs émotions. Nous avons perdu cela, nous vivons dans notre cortex.
Nous devons redescendre – refaire descendre – toute notre présence, toute notre énergie dans notre corps physique. C’est la première étape que nous faisons avec le cheval qui est extraordinaire pour cela. Quand nous nous trouvons au milieu d’un troupeau de chevaux en liberté, nous ne pouvons pas nous permettre d’être dans nos pensées. Six fois six cent kilos autour de soi, si nous sommes ailleurs et pas dans nos pompes, arrive un moment où nous nous faisons bousculer ou mordre, où il y a certainement un danger physique pour nous si nous ne sommes pas présents à soi.
E&P : selon votre expérience il y a la possibilité de court-circuiter ce schéma de cercle extérieur/intérieur qui nous emprisonne et d’apprendre à y échapper pour retourner dans une réalité plus positive ?
Florence E. : complètement, mais complètement ! Moi qui suis issue d’une famille d’anxieux j’ai mis beaucoup de mécanismes en place pour ne pas sentir ni ressentir et avancer à la force de mon mental. Sans en avoir conscience à ce moment-là, le temps passé avec les animaux en pleine nature a nourri cette part instinctive, ces savoirs ancestraux, archaïques qui sont en nous tous, avec lesquels nous sommes tous capables de fonctionner pour refaire ce chemin de sécurité intérieure. L’enseignement que je transmets aujourd’hui est cette expérience.
E&P : nombreux sont les cavaliers de loisir ou de compétition qui peuvent être dans cette prison de l’insécurité ce qui pollue leur relation avec leur cheval et leur performance. Comment votre connaissance peut-elle venir briser ces cercles d’insécurité qui emprisonnent le couple/cavalier cheval ?
Florence E. : j’observe que le cavalier de loisir est souvent un humain qui est très tourné vers son cheval, précautionneux, soucieux de savoir son cheval bien, si son environnement lui plaît. Il prend le temps de panser son cheval, de le faire brouter, de rester avec lui. Il construit quelque chose autour de son bien-être. Parfois il s’oublie lui-même, ne s’incluant pas dans la relation avec son cheval en se disant que prendre soin de lui-même est aussi une manière de prendre soin de son cheval dans l’aspect physique, mental et émotionnel.
Prenons d’abord l’exemple du cavalier négligeant l’axe physique de son corps et voyons comment le fait de ne pas prendre conscience des tensions et des postures de son corps impacte son cheval.
Une hanche douloureuse qui bloque la charnière du cavalier en lien direct avec l’animal va être ressenti par le cheval qui compensera avec son corps le déséquilibre du bassin de son cavalier, entraînant des tensions chez le cheval. Le cavalier se rassure en confiant son cheval à un ostéopathe. Ok. Mais que le cavalier voie aussi un ostéopathe et fasse un check-up des déséquilibres de son corps réduira les séances d’ostéopathie de son cheval. Cette première part de l’axe physique est importante.
Ensuite il y a la part de l’axe mental dans laquelle nous travaillons le pouvoir de communiquer avec son cheval au travers des visualisations durant les phases de travail à pied. Ceci afin de goûter à la puissance de l’intention pour que le cavalier comprenne que lorsqu’il visualise quelque chose et qu’il le ressent émotionnellement en même temps, le cheval a la capacité de le recevoir et là nous commençons vraiment à créer un lien à pied. « waouh, c’est magique, cela fonctionne ! Mais si cela fonctionne à pied cela fonctionne à cheval alors, non ? ».
Nous arrivons maintenant à l’axe émotionnel. Nous disions précédemment que nous, humains, n’avions pas été éduqués au monde émotionnel, ce qui fait que nous n’avons pas cette agilité à fonctionner avec les émotions, à les voir comme une source d’information qui nous renseigne afin de mieux se comprendre et de mieux comprendre son cheval.
J’entends souvent encore : « mais qu’il est con ce cheval, il a peur d’une souris qui traverse alors qu’il fait 500 kilos et la souris 50 grammes ! ». Mais à ce moment-là le cheval n’identifie pas une souris, il se sert de l’information PEUR pour savoir qu’il y a un danger (= un mouvement soudain et inattendu). Ce n’est pas de la connerie, c’est une intelligence innée et instinctive pour éviter le danger. Dès qu’il a analysé de quoi il retourne, il décide du comportement à adopter : rester tranquille ou continuer à fuir. Nous, nous ne savons pas accompagner cela autrement qu’en forçant le cheval au lieu de lui laisser les 10/20 secondes dont il a besoin pour accomplir ce processus émotionnel. Nous n’avons pas cette capacité d’accueillir la PEUR comme une source d’information essentielle pour assurer notre sécurité physique, celle du cheval, donc celle du couple. Non, pour nous il faut dominer, ne pas avoir peur et y aller. Le souci avec le fait de renier la peur ressentie - car nous pensons que c’est un aveu de faiblesse - c’est que nous voilà devenus des êtres incongruents pour le cheval et nous ne sommes plus sécurisant pour lui si nous montrons quelque chose de différent que ce que nous ressentons en dedans.
C’est ainsi que nous créons plein de problèmes de comportements : chevaux qui ne veulent plus monter dans le van, qui refusent de traverser des points d’eau… À quel moment nous sommes-nous posés avec notre cheval pour accueillir notre émotion de la peur ?
Nous pouvons être ce leader dont le cheval a besoin. Grâce à notre cortex nous savons immédiatement que c’est une souris et qu’il n’y a donc pas de danger pour notre cheval. À nous de rester dans cette sécurité profonde intérieure qui fait que, si nous sommes en lien avec notre cheval, il va la sentir et il va être d'accord pour nous suivre. Si nous sommes nous-même emballé dans la peur avec une non-maîtrise de nos émotions, il n’y a alors plus personne pour rattraper qui que ce soit et cela peut se transformer en accident.
Donc avec le cavalier, nous allons travailler cet axe émotionnel auprès du cheval afin que le cavalier développe son agilité émotionnelle, qu’il comprenne que dans l’émotion il y a une source d’énergie incroyable, une question qui est posée qui nécessite une action ou au moins une prise de conscience. Nous utilisons l’énergie de l’émotion intérieure, contenue en nous pour informer le cheval. Ce dernier ne lit pas ce qu’il se passe dans notre tête ni nos pensées mais il lit ce que nous ressentons.
Autrement dit, vous pouvez vous dire en essayant de contrôler votre respiration que tout va bien, sourire avec un masque de confiance disant : « tout va bien, il n’y a pas de danger ». Si à l’intérieur de vous votre cœur bat à 10 000 et vos mains sont moites, vous transpirez la peur, le cheval, lui, n’entend pas que tout va bien. Il capte ce qui se passe dans votre corps physique, la pression artérielle et les battements qui augmentent et il SAIT que c’est en lien avec la peur puisque c’est ce qu’il ressent quand il a peur lui-même. Il reconnaît cela.
E&P : donc quand on est soumis à un processus de peur intérieure, mais que notre mental essaye de le contrôler en rationnalisant que tout va bien mais que notre biologie s’affole, cela ne sert à rien. La seule clé comme solution est de maîtriser le processus de manière à ce que l'organique n'exprime pas physiologiquement le mal être, l'inconfort, l'émotion.
Florence E. : je ne vais pas dire que le cavalier ne doit pas l’exprimer - nous ne contrôlons pas sciemment notre biologie - mais qu'il ait la capacité d’apporter de la sécurité à son cheval. On n'enseigne cela nulle part. Il faut revenir à la base, à l'un des besoins principaux du cheval : le sentiment de sécurité.
À l’origine le cheval vit en troupeau, son système de survie est construit autour d’un cheval référent qui amène la sécurité dans le troupeau. Quand tu emmènes ton cheval en balade ou pour une séance d’équitation, tu l’enlèves du troupeau donc tu le sors de ce système de sécurité qu’ils construisent tous ensemble instinctivement à l’intérieur d’un troupeau (même s’ils ne sont que deux !) ou à l’intérieur d’une écurie.
En duo cavalier-cheval, le cavalier a un devoir de travailler justement sur cette émotion de la peur pour pouvoir être ce leader humain sécurisant pour son cheval. Le but n'est pas de ne pas avoir peur ou de ne plus avoir peur puisque c'est vraiment une émotion importante parce qu’elle nous alerte sur le fait qu'il y a peut-être un danger extérieur et cette alerte peut nous sauver la vie.
Cela m'est déjà arrivé, quand je vais à pied en forêt avec des jeunes chevaux pour les habituer, de me demander pourquoi j'ai cette émotion de la peur qui s'invite en moi. Alors j'écoute, j'accueille, je regarde autour de moi s'il y a un danger réel ou pas. En prenant le temps d’observer je m’aperçois que là où je comptais passer il y a une sorte de ravin qui descend tout net. Cette finesse intuitive du danger s’apprend, se développe. Le cheval l’a et il nous amène à développer ce côté intuitif plutôt que d’écouter le mental. S’il n’y a pas de danger, je relâche l'émotion, je relâche la pression, je relâche les tensions dans le corps et je repars sur la confiance.
E&P : quand on travaille comme ça en conscience, cela oblige le cavalier à entrer dans une autre dimension de lui-même. Ce sont des attitudes que nous n’avons pas naturellement, nous devons apprendre à les construire comme nous avons appris à conduire une voiture par réflexes sans avoir à y penser et ainsi pouvoir discuter avec le passager sans avoir d’accident.
Florence E. : complètement. C'est vraiment séparer, apprendre comme le cheval à apprivoiser l'émotion de la peur comme une source d'informations utiles pour soi, pour être capable de ne pas se mettre en danger ou au contraire éviter un danger, savoir où se mettre en sécurité et ne pas toujours vouloir absolument tout de suite mentaliser et contrer la peur.
Le cheval n’a pas vraiment de souci avec l'émotion de la peur ou l'émotion de la colère ou de la frustration. Il a un souci quand on la cache, quand on la réfrène. Accueillir l’émotion signifie prendre pleinement sur soi la responsabilité de cette énergie-là. Il faut que cette énergie-là puisse être extériorisée en acte. Si on la garde à l'intérieur, à un moment ou un autre, l'énergie de la colère ou la frustration ressort. Sur qui ? Le cheval. Je vais avoir une main dure, je vais commencer à être pleine de crispation dans mon corps et du coup j'ai des aides beaucoup moins souples et tout ce que je demande à mon cheval est beaucoup moins clair pour lui.
Le cheval sent toute la tension et toute la rigidité de son cavalier. Si on n’utilise pas l’émotion de la colère ou de la frustration comme une information, une précision utile, on la rejette sur le cheval finalement : « c’est mon cheval qui fait un refus à l’obstacle. ».
Pour la personne qui choisit d’expérimenter un travail de connaissance de soi auprès du cheval pour améliorer le lien à soi et donc le lien à son cheval, c’est difficile. Pourquoi ? car on lui enseigne depuis toujours que c’est la faute du cheval. Or, je pars du principe que ce n’est jamais la faute du cheval. La posture du cavalier peut être en cause et gêner le cheval, provoquer le refus mais souvent le moniteur conseille deux coups de cravache devant l’obstacle pour que le cheval saute.
Je ne vois pas où est la relation, où est le lien, où est-ce que la confiance se construit dans ces conditions. Où est ce que nous amenons de la sécurité pour l'humain cavalier et pour le cheval dans ce genre d'attitude et dans ce genre de geste ? Est-ce que je peux me questionner : à quoi mon cheval a-t-il réagit ? Y a-t-il un problème dans la posture ? Est-ce que vraiment mes demandes d'aide sont précises ou est-ce que mon corps physique a envoyé un message contraire ?
Nous n’avons tellement pas conscience de notre corps physique que beaucoup de cavaliers communiquent des informations totalement contraires avec leurs aides. Souvent les aides ne sont pas assez précises. Nous croyons communiquer une information mais le cheval ne reçoit pas cette information biaisée par une aide mal exécutée : une jambe vraiment mal positionnée, un haut du corps déporté. Parce que nous avons mal quelque part et que nous sommes bloqué ; parce que nous avons une cervicale en vrac. Nous n’avons pas appris à dialoguer avec notre corps physique. Le nombre de chevaux que j’ai vu changer et évoluer… dès lors que le cavalier conscientise son corps.
J’ai donné des cours de sophrologie à des élèves moniteurs pour justement les aider dans cette finesse d’écoute de leur cheval. Ils ont pour la plupart entre 18 et 20 ans, ils ont tous mal partout, mal au dos. Je leur demande : « OK, est-ce que tu vas chez l'ostéo ? ». Non pas du tout, ils pensent ne pas en avoir besoin, que c’est leur métier dur qui veut cela, travailler dehors. Je dis : « Et alors ? Est-ce que c'est une raison pour ne pas s'écouter, se négliger à ce point ». Comment espérer être dans l'écoute de son cheval si nous ne sommes pas dans notre propre écoute d'abord. Cela a forcément un impact sur la qualité de notre communication.
E&P : j'ai eu un enseignant en équitation qui avait une pédagogie sur le couple cavalier-cheval qui était formidable. Lui venait du monde de la danse. Il dansait en partenaire avec une personne et était le porteur. Quand il a basculé dans le monde de l'équitation et de l'enseignement équestre, il a amené avec lui tous les concepts du danseur qui porte, celui qui reçoit le poids de l'autre et qui donc doit apprendre à le gérer en plus de son propre poids, en plus de son propre mouvement.
Ainsi il s’est projeté dans le cheval qui porte le cavalier, une entité à deux corps : son propre corps qu’il connaît et apprend à maîtriser depuis sa naissance et le corps d'un autre qui, pour une certaine part n'est pas prévisible, parce que ce n'est pas le même cerveau qui le dirige. Ce vécu de danseur-porteur lui a donné quelque chose de formidable pour l'équitation et pour trouver l’équilibre dans la relation cavalier-cheval.
C'est le centaure qui peut exister entre le cavalier et le cheval. Comment à deux, ils deviennent un seul. Il disait que la réussite de la danse en couple arrive quand les deux entités fusionnent dans un équilibre physique qui permet l'accomplissement du pas de deux, qui en permet l'harmonie, qui en permet la cohérence.
Son enseignement et sa vision du couple cavalier-cheval issu techniquement de la danse en couple était extraordinaire car il donnait à ses élèves une compréhension de ce jeu en duo et de l'impact qu'a le corps du cavalier sur l’équilibre et les réactions du cheval. C'est là que, n’étant pas danseurs de formation, nous nous rendions compte que nous ne maîtrisions pas du tout notre corps. Nous sommes comme une espèce de sac de pommes de terre sur le dos du cheval et effectivement, ce sac de pommes de terre peut devenir un poids et empêcher son mouvement complètement. Dans le cadre d’une carrière sportive ou dans un challenge sportif, cela peut devenir une contre-performance.
Florence E. : oui complètement. Quand on passe du monde du cavalier de loisir à celui du cavalier professionnel où on demande au cheval de se dépasser, on se doit d'être le plus à l'écoute, le plus léger et le plus aidant possible en tant que cavalier auprès de ce cheval. Sans conscience corporelle ce n'est pas optimal pour l'un comme pour l'autre. Soit il n’y a pas les résultats de performance sportive attendus par le cavalier, soit il y a plus de problématiques physiques pour le cheval.
E&P : pour un cavalier qui est plongé dans le challenge de la performance, un de ses atouts majeurs qui peut faire basculer les résultats sur le terrain de concours est sa maîtrise de sa propre proprioception, la maîtrise de sa conscience corporelle. C'est ce sur quoi il doit absolument se pencher.
J'imagine que vous avez une méthode, vous avez des exercices bien sûr, mais aussi une façon d’aider le cavalier à acquérir cette maîtrise du corps. C’est l’atout de travailler avec une professionnelle comme vous. Avez-vous des exemples concrets à nous présenter sur le type d’actions possibles à mettre en place entre le cavalier et son cheval pour améliorer leur couple et leur compétitivité ?
Florence E. : j'utilise un outil très fort pour développer la conscience de notre schéma corporel, c'est la sophrologie. Dans un premier temps le travail cible le cavalier avec des exercices soit debout, soit assis, soit allongé, ce qui s’appelle de la relaxation dynamique où nous associons la respiration au mouvement du corps, un temps de pause, pour mieux développer l’écoute corporelle.
Nous activons par exemple une partie du corps en lien avec la respiration, puis nous prenons un temps d'écoute pour ressentir que derrière ce mouvement, nous venons d'activer quelque chose. Qu’ai-je comme sensation ? Est-ce une sensation de chaleur ou est-ce une sensation de fourmillement ? Ou un instant de décontraction, une détente dans mes épaules, une lourdeur dans mes bras qui m'attire vers le sol.
Nous allons vraiment travailler à développer cette finesse pour acquérir une meilleure connaissance du schéma corporel afin de faciliter le positionnement du cavalier et favoriser aussi une belle indépendance des aides. Tout cavalier se souvient que l’indépendance des aides n’est pas facile à acquérir, n’est-ce pas ? Ceci va aussi permettre un meilleur équilibre postural et une maîtrise plus fine de ses membres inférieurs et de ses membres supérieurs. Cela participe à atteindre une finesse dans la communication avec le cheval et renforce le lien entre le cavalier et son cheval.
Le « sac de pommes de terre » qui peut être un poids pour le cheval va ainsi pouvoir devenir un peu plus léger, plus adaptable à tout ce qui se passe et surtout beaucoup plus précis. Quand nous ne maîtrisons pas notre corps, nous bougeons comme un pantin que le cheval lit comme des demandes incessantes et brouillonnes. Devenir précis permet au cheval de reconnaître notre posture quand nous ne lui demandons rien et quand nous plaçons une aide posément et légèrement. Quand la demande est claire, le cheval répond. Quand ce n’est pas le cas il faut se demander si notre conscience corporelle est suffisamment ancrée pour obtenir un geste précis.
E&P : lorsqu'un cavalier rencontre des difficultés pour réussir un exercice à cheval, quand c'est quelque chose qui devient récurrent, amenant le cavalier à se dire : « mais ce cheval, on ne peut rien en tirer, il ne veut rien faire. ». En fait, que doit faire le cavalier ? C'est se dire : « comment mon schéma corporel, mon inconscience corporelle amène mon cheval à être comme ça ? ».
C'est la première des questions à poser plutôt que de rejeter la faute sur le cheval : se demander comment inconsciemment, moi, j'amène le cheval à être ainsi.
Florence E. : tout à fait. J'ai un exemple assez marquant qui moi aussi m'a ouvert les yeux et m'a poussé à intégrer la sophrologie comme un outil essentiel auprès des cavaliers à l'intérieur de mes séances, en fonction de la demande de la personne.
En faisant un soin sur un cheval j’ai senti réellement une problématique chez lui au niveau de son dos. Sa cavalière s’est étonnée car son cheval voit l’ostéopathe régulièrement pourtant le même problème revient, elle aimerait bien comprendre. Faisant un peu de communication animale, le cheval me montre son humaine comme si elle était complètement décalée. Du coup mon attention se porte sur la dame et je lui demande si elle a un souci de dos ou de hanche. Elle me répond : « non, le problème est corrigé, je porte des talonnettes. ». Mais j’entends le cheval dire : « non, elle ne les porte pas. ». Je demande à la dame si elle les porte à l’instant. Non, pas dans ses bottes d’équitation mais le reste du temps, oui.
Son cheval ressentait son déséquilibre et il compensait de son côté pour pouvoir rétablir un équilibre afin que ce soit à peu près confortable pour lui. Donc à chaque fois son corps compensait, créant toujours le même déséquilibre dans sa hanche à lui.
J’ai donc suggéré à la dame de porter ses talonnettes à cheval aussi puis de voir si cela changeait quelque chose pour son cheval avec l’ostéopathe. Elle m'a rappelé trois mois après : « je crois qu'en fait vous aviez raison. ». Ce n’est pas moi qui avais raison mais son cheval !
Si elle était un petit peu plus à l'écoute ! Sans forcément avoir besoin d’une communication animale mais un petit peu plus à l'écoute de son propre corps, elle aurait ressenti qu’elle n’était pas bien dans son corps et totalement décalée quand elle ne portait pas ses talonnettes pour monter à cheval. Elle les portait tous les jours pour travailler et faire ses courses. Une fois à cheval, ne marchant pas, ayant les pieds dans les étriers, elle pensait ne pas avoir les mêmes appuis et donc ne pas avoir besoin de ses talonnettes. C'était vraiment intéressant et je me suis beaucoup questionnée, suite à l’exemple de cette dame, sur la nécessité essentielle d'aller vers cette connaissance de notre schéma corporel si nous voulons être un meilleur humain ou cavalier pour son cheval.
Florence Elie interviewée
par Marie Simonet Michon (Énergétique & Plantes).
Lire la suite, partie 2 de l'entretien : démonter ses croyances pour être en lien avec son cheval.
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